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  • Mathilde Bourmaud

" Si les femmes politiques étaient les influenceuses du monde demain, le monde se porterait mieux...

Les femmes ont toujours été le moteur des grandes évolutions de la société" - Entretien en trois actes avec Marie Cau - Maire de Tilloy-Lez-Marchiennes.


Pour ce second épisode de la saison 4, on a visé Le Nord (59) pour s'arrêter à Tilloy-Lez-Marchiennes. Un village de 530 habitants niché au cœur du parc naturel régional Scarpe-Escaut, à une quarantaine de kilomètres de Lille.



Marie Cau Maire de Tilloy-Lez-Marchiennes

Son influence à elle se compte en centaine de coupures presse et passages dans les médias français et internationaux. En devenant à 55 ans, la première femme transgenre maire en France, le 23 mai 2021, Marie Cau est devenue un personnage politique, malgré elle. Une élection et un buzz médiatique qui ont fait basculer un destin et un village, de la discrétion du corps au corps politique. De l’ombre à lumière. De la ruralité à l’exemplarité.


A travers cet entretien, Marie Cau revient sur la manière dont son parcours et sa transidentité ont eu un impact sur sa vision du monde et de la politique, et sur ce qu’elle ambitionne pour demain : les Présidentielles 2022.




Marie Cau, comment faut-il vous nommer ? Madame le maire ou Madame la maire ?

On me pose souvent la question car c’est un sujet d’irritation pour beaucoup de personnes. Si je prends la langue française, c’est Madame le Maire. Mais la langue est aussi le fruit de l’usage donc on peut aussi dire Madame la Maire. Par contre, mairesse représentait dans une époque où le pouvoir était toujours détenu par les hommes, la femme du maire. N’étant pas la femme du maire, je préfère donc Madame la maire ou la maire.


Quelle femme politique êtes-vous ?

Je ne suis pas venue à la politique par la politique politicienne comme on l’entend. Ma carrière professionnelle étant derrière moi, j’ai eu envie de vivre autre chose. Il y avait tellement de besoins dans le village que je me suis engagée pour une vie locale plutôt que politique. Après, une autre dimension est apparue. En devenant la première femme transgenre à être élue en France, ça a créé un buzz qui m’a beaucoup étonnée de par son ampleur surtout bienveillante. Cela a été perçu comme une avancée sociétale plus que politique. Je suis devenue malgré moi un personnage politique.


« Je suis devenue malgré moi un personnage politique »

En acceptant cet entretien, vous m’avez précisé « j’espère que je pourrai vous aider à faire évoluer les mentalités ». Ressentez-vous comme une sorte de double obligation morale aujourd’hui en étant la première femme transgenre élue maire ?

Forcément. Comme la plupart des personnes transgenres, j’essaie d’avoir une vie discrète. Ce que l’on veut, c’est vivre sa vie tranquillement, ne pas s’exhiber, pour ne pas être montrée du doigt ni agressée. Mais depuis mon élection, et tous les messages que j’ai reçu de jeunes LGBT, de femmes, d’élu.es qui vous disent que vous êtes un vrai symbole très positif, je ne peux pas être égoïste et m’enfermer dans mon petit monde. Je suis devenue une porte-parole malgré moi. Et il faut l’assumer parce que d’autres personnes n’ont pas l’occasion d’avoir cette audience médiatique pour être entendu.e. Aujourd’hui, je me rends compte que mon élection, par sa simple normalité fait peut-être avancer les normes. J’ai reçu beaucoup de message de personnes qui me disaient avoir abandonné leurs préjugés. Peut-être s’attendaient-ils à voir une folle extravagante ? Et bien non, il y a des personnes normales. Et c’est ça qui fait que ça marche, c’est en entrant dans la normalité.



· ACTE 1 – L’AMBITION D’UN AUTRE CORPS


Vous êtes née en 1965, de sexe masculin. A l’âge de deux ans, vous vous habilliez en fille. Vous parlez par la suite de solitude, comme une sorte de discussion avec vous-même. Comment viviez-vous dans l’enveloppe d’un garçon puis d’un homme ?

Quand on essaie d’expliquer ce qu’est la transidentité, le premier terme qui vient est effectivement la solitude. Vous vous rendez compte que vous n’êtes pas comme les autres. On vous met dans une case mais ce n’est pas la vôtre. Vous ne jouez pas avec les garçons parce que ça ne vous convient pas. Les filles ne veulent pas de vous parce qu’officiellement vous êtes un garçon. Donc vous êtes seul. Vous vous isolez puis vous vous enfermez dans une prison que vous construisez vous-même. Vous vous structurez selon le rôle social qu’on vous assigne. Un garçon ça doit être fort, je n’ai jamais été fort. Un garçon ça ne doit pas pleurer, j’étais hypersensible. Devenir un homme c’est difficile. C’est être entre le marteau et l’enclume. Les femmes ne se rendent pas compte de la pression que l’on met sur les hommes dans ce système patriarcal. On leur demande d’inhiber leur sensibilité, de se mettre dans un rôle de force. J’ai subi tout ça, j’ai dû apprendre les codes sans jamais vraiment y adhérer.


C’est seulement à l’âge de 40 ans, que vous avez commencé à assumer votre volonté à devenir femme ?

Je suis assez âgée dans le sens où à l’époque on ne parlait pas de transidentité. On parlait de psychiatrie, de perversion sexuelle. Les images que vous renvoyait la télévision, étaient celle des prostituées du Bois de Boulogne, ce n’était pas moi. Alors, on refoule beaucoup puis vient la vie professionnelle, le métro-boulot-dodo, et on s’enferme dans la course du rat. On s’oublie. Et puis vers mes 40 ans, on a commencé à en parler. J’ai compris que toute ma façon de penser, d’aimer, d’être était celle d’une femme mais pas celle d’un homme. Tout devenait clair. J’ai fini par en parler à mon épouse de l’époque qui a considéré cela comme une trahison. Cela m’a couté un divorce qui a duré 15 ans et la peur qu’on me retire mes enfants. C’est ce qui fait que j’ai différé ma transition en restant dans un statut androgyne pendant longtemps. Maintenant, mes enfants sont grands et m’ont rejoint. C’est un moment où je peux enfin penser à moi.


« Aujourd’hui, elles sont maires, demain elles seront conseillères régionales ou départementales et après députées »

Avec le recul, est-ce pour vous un acte politique ?

C’est pour moi un cheminement spirituel dans le sens, où j’ai d’abord cherché à comprendre. J’ai énormément lu sur les données du genre, sur la sexologie, la religion, la philosophie pour essayer de comprendre le rapport au genre. Et je crois que ce sujet-là n’est toujours pas résolu dans la société actuelle. Si nous ne sommes plus dans un système patriarcal du fait des lois, aujourd’hui équilibrées, on ressent encore la culture patriarcale. Nous sommes dans la déconstruction. Je vois des hommes politiques qui sont aujourd’hui au pouvoir, cela fait 40 ans qu’ils font de la politique. Les femmes s’y mettent seulement depuis 10 ans, elles vont donc prendre leur place en gravissant les échelons. Aujourd’hui, elles sont maires, demain elles seront conseillères régionales ou départementales et après députées. C’est un cheminement. L’homme le plus puissant d’Europe est une femme blonde aux yeux bleus. Rien n’empêche une femme de gravir les échelons du pouvoir, il faut simplement qu’elle croit en elle-même.


Quel a été votre rapport à la politique jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai toujours été méfiante sur la politique. Pour moi la politique ce sont des personnes qui font carrière. Mais ma vision des choses a changé en rencontrant beaucoup d’élus locaux et d’élues locales. Ce sont vraiment des gens engagés qui croient en ce qu’ils font. Il y a vraiment des gens biens en politique.


« Cette personne a donné une voix qui vient faire écho à mon parcours, mon emprisonnement dans un corps qui n’était pas le bon »

Quels ont été vos rôles modèles politiques ou civils ?

Je n’ai pas eu de modèle politique, si ce n’est Nelson Mandela. Il a passé vingt-sept années en prison et en sortant il a parlé de pardonner car sans ça on ne peut rien reconstruire. Si Nelson Mandela pouvait pardonner après avoir passé vingt-sept ans en prison, les autres pouvaient aussi le faire. Cette personne a donné une voix qui vient faire écho à mon parcours, mon emprisonnement dans un corps qui n’était pas le bon. Je me suis très vite rendu compte que soit je me positionnais comme une victime toute ma vie en crachant ma haine à la face d’un monde qui n’était pas sympa, ou alors je pardonnais. Le pardon est un cadeau à soi-même. On ne peut pas aller de l’avant si on passe son temps à regarder dans le rétroviseur.


Et ce pardon que vous vous êtes offert, a-t-il été le déclic pour vous présenter aux dernières élections municipales ?

Je ne l’aurais pas fait si je n’avais pas été dans un état où je n’avais plus peur et que je voulais être libre d’être moi-même. La pire des privations de liberté, c’est celle de ne pas se permettre d’être soi-même. J’ai pris beaucoup de hauteur et je me suis dit au final, il faut oser.


Cette volonté d’être soi va jusqu’à avoir décider de monter une liste « Décider ensemble » apolitique, sans étiquette. Pourquoi ce choix ?

Crédit photo : Voix du Nord

A la campagne, il ne faut pas faire de politique. Les gens sont assez terre à terre. Ils regardent les problèmes purement terrain : les fossés bouchés, les nids de poules sur les chaussées. Ce n’est pas du tout la même approche dans les grandes villes, où tout est très politisé. Et puis j’ai surtout décidé de faire une liste paritaire alors que je n’en avais pas l’obligation (ndlr : les communes de moins de 1000 habitants ne sont pas assujetties à la loi sur la parité des exécutifs municipaux).



A-t-il été facile de fédérer pour constituer cette liste ?

J’avoue que j’ai eu de la difficulté à la constituer parce que j’ai failli faire une liste qu’avec des femmes. Les hommes, il faut aller les chercher. J’ai eu spontanément beaucoup de femmes avec des compétences et l’envie de s’engager, et puis au bout d’un moment, je me suis dit qu’il fallait quand même que je trouve des hommes.



Pour autant, on dit généralement qu’il est difficile de réunir des femmes sur les listes ?

C’est le contraire. Elles n’ont pas envie de s’engager dans la politique abstraite. Mais dans la vie locale, les femmes s’engagent spontanément parce qu’elles veulent faire avancer les choses. Sur un vrai projet de société les femmes s’engagent spontanément.


« Les femmes peuvent fédérer les hommes. Il faut d’ailleurs maintenir la parité sinon dans trente ans, on aura plus de femmes que d’hommes en politique »

Ne pensez-vous pas que c’est en partie grâce à ce que vous dégagez ou représentez dans l’ouverture et le changement que vous avez réussi à attirer autant de femmes ?

J’ai toujours mis la bienveillance en avant et fait en sorte d’arrêter sur les crispations du passé. C’est ce qui a d’ailleurs influencé les hommes qui m’ont suivie. Les femmes peuvent fédérer les hommes. Il faut d’ailleurs maintenir la parité, sinon dans trente ans, on aura plus de femmes que d’hommes en politique.



· ACTE 2 / UNE NORMALITE POSSIBLE ET POLITIQUE


Comment avez-vous vécu l’instant de la victoire ? Et d’autant plus, face à l’emballement médiatique internationale qui a suivi votre élection ?

Le fait d’être élue vous donne tout d’abord une impression bizarre, on y croit sans y croire. Le battage médiatique a démarré dès le lendemain alors que je pensais que mon élection resterait assez discrète. C’est incroyable, un fait qui devait passer comme quelque chose de basique s’est transformé en un évènement de société. Je suis devenue le symbole d’une normalité possible. Depuis ce temps, tout est un peu surréaliste du fait d’être propulsée sur le devant de la scène médiatique. C’est flatteur après avoir passé cinquante ans de sa vie cachée.


« Un fait qui devait passer comme quelque chose de basique s’est transformé en un évènement de société. Je suis devenue le symbole d’une normalité possible »

Comment se sont déroulé les jours d’après ?

Les difficultés rencontrées sont venues du fait du contexte de la Covid. Les élections avaient été retardées. Il fallait prendre des mesures pour l’ouverture de l’école face à un gouvernement dont on ne savait pas trop où il voulait en venir. On est rentré dans le bain mais dans des conditions peu optimales, avec une ancienne équipe qui ne voulait pas collaborer. On a retrouvé les dossiers posés sur la table et puis c’est tout.


Quelles ont été vos premières prises de décision ?

Dès la première semaine, nous avons ouvert l’école. Ensuite, la seconde chose dans laquelle m’être lancée, a été le budget. A cause du Covid, les dotations n’étaient pas arrivées. Toute la partie financière, le budget n’avait pas été fait, des factures n’avaient pas été payées. Il a fallu remettre tout l’administratif en état. En ayant qu’une secrétaire de mairie et un agent ouvrier communal, on ne peut pas faire grand-chose. On est obligé de fonctionner en mode projet, et ça a été une surprise. Dans le public tout est lent, long et compliqué. Pour faire une rue, il faut faire les études et les devis qui prennent entre six mois et un an. Ensuite, il faut demander les subventions qui sont accordées pour l’année suivante, lancer l’appel d’offres et faire réaliser les travaux. En règle générale, un petit projet, c’est trois ans.


Pratiquement un an après votre élection, quel est le sentiment qui vous mène ? On ressentirait presque comme une sorte de frustration ?

C’est plutôt de l’ordre de la déception. J’ai récupéré les finances de la commune en mauvais état et sans argent on ne fait rien. Je dois passer mon temps à rattraper ce qui n’a pas été fait par le passé avant de démarrer les choses nouvelles. On a dû lancer le plan local d’urbanisme qui définit toutes les règles d’urbanisme du village. C’est un projet sur trois ans, donc avant de vouloir faire des choses nouvelles, il faut déjà rattraper l’héritage du passé avec des finances d’un village qui sont très faibles. Aujourd’hui les dotations que verse l’Etat au village couvrent à peine les frais de fonctionnement.


« Le système public est une mécanique dont les rouages dépendent de l’énergie du maire »

Et comment envisagez-vous la suite de votre mandat par rapport au programme que vous vous étiez donné ?

On va d’abord assainir la situation, diminuer les coûts de fonctionnement pour se dégager une marge de manoeuvre, ensuite aller chercher à l’extérieur tous les financements possibles notamment avec l’intercommunalité. En ce moment, j’embête un peu le département pour qu’il me refasse ma route. C’est là où la politique prend tout son sens, le système public est une mécanique dont les rouages dépendent de l’énergie du maire. Si vous ne faites rien la mécanique ne bouge pas. Il faut sans cesse aller réclamer, demander, envoyer des courriers. C’est là où l’action politique se situe : aller chercher les financements à l’extérieur.


Comment avez-vous adapté votre déception des premiers instants face aux administrées ?

Je n’ai pas seulement une approche technique des dossiers de la mairie, je passe beaucoup de temps avec les gens. J’habite à 150 mètres de la mairie, parfois je mets une heure pour revenir chez moi. Je fais l’effort de parler aux gens, aux enfants. Je suis très présente. J’essaie d’avoir une approche humaine en dehors des dossiers techniques.


Quelles sont les autres actions ou initiatives que vous allez mettre en place ?

A l’échelle d’un village, c’est très modeste. Nous sommes très porté.es aujourd’hui sur le lien social et la création de tiers lieux, comme le réaménagement d’une salle communautaire et la mise en place d’une conciergerie de village avec une personne en permanence pour récupérer et distribuer les colis aux personnes âgées. Mais la priorité a été aussi de développer la micro-crèche.



· ACTE 3 – LE MOTEUR D’UN DESTIN POLITIQUE PEU ORDINAIRE


« Je vais annoncer ma candidature aux élections présidentielles sur une liste apolitique »

Avez-vous déjà réfléchi à la suite de votre carrière politique ?

Bien-sûr. J’ai effectivement des projets notamment par rapport à la présidentielle de 2022. D’ici quinze jours, je vais annoncer ma candidature aux élections présidentielles avec une liste apolitique. Les citoyens ne veulent plus des partis du fait que ces derniers ne fonctionnent que pour eux-mêmes ou pour promouvoir des carrières individuelles. Et deuxièmement, les gens n’ont plus confiance en l’élite. Ce n’est pas qu’elle est mauvaise. On a une élite composée de personnes très intelligentes, je les rencontre mais elles sont déconnectées de la réalité du terrain. Et les français ne se reconnaissent plus là-dedans. On passe son temps à voter contre quelqu’un. L’inquiétude que j’ai est de voir la montée de l’extrême droite et de mouvements réactionnaires. Si personne, ne vient changer les données de la partie, on va vers un débat Le Pen - Macron avec une forte chance de gagner pour Marine Le Pen. Quand on voit la montée des partis d’extrême droite en Europe, ce n’est pas dans le sens des LGBT, des femmes et du mieux vivre ensemble.


« J’ai cette drôle expérience de vie d’être un pied dans les deux mondes pour bien comprendre les choses »

Et quelle va être votre stratégie pour trouver le soutien ?

Ça peut être une occasion inespérée pour les femmes. Elles sont encore aujourd’hui les faire-valoir ou sur les strapontins des partis. Je peux donc d’une part être appuyée par les femmes. Et d’autre part, j’ai cette drôle expérience de vie d’être un pied dans les deux mondes pour bien comprendre les choses. Je pense que je pourrais être soutenue par la communauté LGBT comme le monde rural dont je connais bien les problématiques, mais aussi par les jeunes qui ont envie de voir quelque chose de nouveau arriver. Objectivement, c’est parfaitement jouable. Je n’ai rien à perdre. Je ne suis personne en politique donc je peux représenter tout le monde. Il faut aller chercher ses alliées. Il n’y a pas de mauvais français il y a juste des gens qui se sont égarés qu’il faut convaincre et qu’il faut faire revenir vers des valeurs républicaines.


« Je ne suis pas une candidature de témoignage »

Et puis aujourd’hui, la politique se fait sur les réseaux sociaux. Regardez les gilets jaunes, en peu de temps, ils ont fait l’équivalent d’un parti en dehors de tout contrôle. Nous n’avons plus besoin de faire des réunions publiques ou coller des tracts – ça c’est la vieille politique de nos grands-parents. Donc ça rend mon ambition possible du fait aussi de mon existence médiatique. Je ne suis pas une candidature de témoignage dans le sens où je ne défends ni lobby ni intérêt particulier.


Est ce que le fait de se présenter aux élections présidentielles de 2022, est finalement en miroir, le regard que vous portez sur la place des femmes et personnes LGBTQ+ en politique aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut faire évoluer les choses. Le monde, tel qu’il est, va à sa destruction que ce soit en termes de pollution, ou encore lié au Covid. Le covid est la résultante d’une mondialisation. On sort des biotopes naturels et virus qu’on ne côtoyait pas auparavant. Tout ça est le fruit de la société actuelle dont il faut changer les fondements. Et je pense que les femmes sont plus à mêmes d’aller vers un monde différent, non basé sur la compétition et la prédation. Il faut changer de paradygmes sociaux.


« Il ne faut pas faire la révolution, il faut faire l’évolution »

Vous ne faites pas que dire « prenez votre place », vous la prenez, le tout après un long cheminement personnel. Vous êtes en quelque sorte le moteur d’un destin peu ordinaire ?

Ça peut paraitre un peu fou mais je n’ai rien à perdre, tout à gagner. J’aurais fait ce qui me semble juste. Et je suis convaincue qu’il y a beaucoup de gens qui pensent comme moi. Mais personne n’ose porter une voix qui est différente. On entend toujours les mêmes clichés, les mêmes schémas hyper simplistes avec les oppresseurs et les oppressés, les mêmes vieilles recettes du combat, de l’abus, de la révolution. Mais la réalité est bien plus subtile que cela. Ce n’est pas noir ou blanc. Il ne faut pas faire la révolution, il faut faire l’évolution.


Quels autres conseils donneriez-vous aux femmes en politique ou souhaitant s’engager ?

C’est d’abord d’arrêter de se victimiser. Les femmes sont capables et compétentes mais la vie n’est pas facile. Elle n’est pas facile non plus pour les hommes. Entre eux, ils ne se font pas de cadeau. La politique c’est une arène avec ses règles du jeu qu’il faut faire évoluer. Bien sûr, les femmes se font agressées verbalement dans des assemblées locales par certains hommes politiques. Mais il ne faut pas se laisser faire. Il faut recadrer les choses comme à l’image d’Alessandra Ocasio Cortès qui avait recadré avec fermeté un sénateur américain.

Le second conseil : n’essayez pas de faire comme les hommes. Le système patriarcal comme capitaliste est basé sur un système de compétition. Le plus fort l’emporte en écrasant les plus faibles. Si on veut rentrer dans un système de compétition et être pire que les hommes peut-être qu’on y perd son âme. Les femmes aujourd’hui, travaillent beaucoup plus dans un modèle de pensées qui est dans la coopération, la collaboration, la bienveillance, le partage, l’analyse. Donc restez vous-mêmes.


« Les femmes ont toujours été le moteur des grandes évolutions de la société »

Est-ce finalement la fonction d’élue qui influence la femme ou l’inverse ?

Je pense que c’est la femme qui va influencer la fonction d’élue parce qu’elle est encore aujourd’hui dans un mode encore un peu oldschool et hiérarchique. Les femmes vont influencer la manière de traiter les choses et axer sur la solidarité et le social.


On a une dernière question au sein du média, « Et si les femmes politiques étaient les influenceuses du monde de demain ?

Le monde s’en porterait mieux, j’en suis intimement convaincue. Les femmes ont toujours été le moteur des grandes évolutions de la société. Elles ont souvent été le déclencheur des révolutions, elles sont allées braver les choses. L’humanité s’est privée d’une moitié de son humanité qui était la part féminine pendant des milliers d’années.


Entretien réalisé par Mathilde Bourmaud



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