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Par Soisic Belin : "Le sexe donne vie mais aussi du plaisir"


A 34 ans, Soisic Belin est journaliste société et s'intéresse particulièrement à l'intimité et aux sexualités. Elle est également la fondatrice et productrice des évènements féministes "En scène Simone". A l'aube de sa première collaboration avec Les Ambitieuses, Soisic s'est prêtée à l'exercice de la tribune sur l'ambition. Entre la marque d'un trait de son caractère et l'envie d'explorer l'intime et les pratiques, elle nous explique ici les fondements de son ambition. Comme une sorte de curiosité justement placée entre bienveillance et ouverture d'esprit.


L’ambition, vaste sujet, s’il en est un, car pour beaucoup une ambitieuse ne gagne pas forcément à être connue, pour un peu qu’elle ait les dents qui rayent le parquet et qu’elle ne voit aucun inconvénient dans le fait d’écraser les autres pour se tisser au sommet … Mais où se tisserait-elle précisément ? En haut de son propre ruban, celui qu’elle aura choisi ? Tout un chacun vogue vers ses rêves, ces derniers diffèrent d’un individu à l’autre, alors pourquoi refuser à ce même individu d’exaucer son souhait, d’arriver là où il le souhaite. Le problème que les gens ont avec l’ambition est un simple dérivé de la jalousie et de l’envie (attention c’est pas très chrétien tout ça !). Alors ambitieuses et ambitieux hissez-vous ! Bombez poitrines et torses et affirmez-vous !

"Si pour les femmes, le fait d’être ambitieuse est encore plus décrié, c’est parce qu’il n’est à mon sens pas suffisamment affirmé"

Je fais partie de ces femmes, ces ambitieuses, ces opportunistes (encore un adjectif mal compris et rejeté du vocable des humbles, sorry !). J’aime me fixer des buts à atteindre, des objectifs à moi-même, j’aime tester mes propres limites, sortir du cadre et de mon pré-carré si douillet pourtant. J’ai changé de métier ou plutôt, j’en ai délaissé un au profit d'un autre, j’ai choisi mon « amant journaliste » (plus périlleux, plus excitant, plus stimulant…) au confortable et rassurant « mari RP », qui longtemps, fit en sorte que je puisse payer mes factures. J’ai donc délaissé les RP pour l’écriture et la curiosité (mon vilain défaut, carburant de mon nouveau métier). Il serait mal venu de mentir et de dire que l’ambition vient avec le temps, pour ma part, il me semble que c’est une question de caractère, on l’a ou pas, c’est aussi simple que ça. Si pour les femmes, le fait d’être ambitieuse est encore plus décrié, c’est parce qu’il n’est à mon sens pas suffisamment affirmé. Je le redis avec force et conviction : Ambitieuses, sortez de votre trou et affirmez-vous !

"J’ai toujours aimé l’image de la métamorphose, la chenille devenant papillon"

J’ai donc été RP pendant quelques années, un formidable métier, pour lequel la patience, l’énergie, la compréhension, la stratégie sont des indispensables. L’ambition lui, est à mettre au service de la personne que vous portez, votre ambition devient la sienne et la sienne est la votre, formant un tout formidablement imbriqué où, avec le temps, il semble difficile d’exister. J’ai toujours aimé l’image de la métamorphose, la chenille devenant papillon … C’est un peu l’effet que ce changement professionnel a opéré sur moi.

Mon intérêt pour l'intimité est apparu comme une évidence

D’aussi loin que je me souvienne ma relation à la sexualité et à l’intime n’est pas folichonne, mes ami.e.s savent que je ne suis pas celle qui vous comblera de « hug » à tout va, et je ne suis pas non plus une grande adepte « des séances de bises ». Cela étant, j’ai pris l’habitude et mon corps à lâcher prise à force de voir les autres faire… La sexualité m’a longtemps semblé être un univers mystérieux fait de sachants et les autres pratiquants cela en amateurs … Elle était cette chose, pour moi inaccessible et qui m’a aussi longtemps terrorisée. Je suis née en 1985, et ma génération a été traumatisée par l’arrivée du Sida, imposant, une fin à cette liberté sexuelle !

"Une prude qui a, comme la chenille, virée papillon en s’interessant à la sexualité des autres"

Voilà donc le contexte, important si ce n’est essentiel, qui a fait de moi cette gentille prude, apeurée par le loup, bercée par Walt Disney et biberonnée par une mère quelque peu amère face à la gent masculine. Une prude qui a, comme la chenille, virée papillon en s’interessant à la sexualité des autres. Il me parait d’ailleurs aujourd’hui essentiel de ne pas occulter cet élément central qu’est le sexe. Qu’il soit conjugal, extra-conjugal, libertin, complexe, classique, solitaire, pluriel voir inexistant… Il en va de la compréhension que l’on a de soi même. Le sexe donne vie mais aussi du plaisir. Je pourrais continuer longtemps et enchainer les évidences, ce serait, un tantinet malaisant et irrespectueux, cela dit les évidences sont parfois négligées, alors qu’elles sont la base d’une réflexion. J’écris aujourd’hui sur les sexualités, loin de moi l’idée de me lancer dans une série de conseils sexo ( qui suis-je pour vous expliquer comment trouver du plaisir ?!). Je m’intéresse plutôt à l’intimité et à ses pratiques, à tout ce qui peut avoir une influence sur le corps, sur le rapport qu’un être aura avec soi-même et avec les autres. J’aime ce gris, cette couleur de la tolérance et de l’ouverture d’esprit, cette nuance précise où rien n’est tout noir, ni tout blanc. J’écris pour assouvir les yeux des curieux qui pétillent d’en savoir davantage ; à l’inverse, je m’attriste lorsque les yeux qui me lisent se mettent à juger et à railler des comportements qui, n’étant pas les leurs, leur paraissent insensés, incroyables et dénués de sens. J’écris donc pour propager cette curiosité saine, une ambition à laquelle j’y ai attaché ma plume.

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