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  • Mathilde Bourmaud

Que reste-t-il de nos idéaux ?


Mathilde Bourmaud aurait pu écrire cette tribune, ici, à Paris mais encore là-bas dans sa province de coeur. Ou encore à Douala ou San Francisco, où elle y a vécu. Et où elle a, à chaque fois, du appréhender une condition. Non pas celle de la française qui part par delà ses frontières. Mais bel et bien, celle de la femme. A l'aube de la journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, et un an après #MeToo - ce mouvement qu'elle a vécu de l'intérieur comme pour beaucoup d'entre vous - Mathilde revient sur cette année de transition. Des premiers tweets qui claquent à la repentance. D'une autopsie s'emparant de la toile au vice de forme d'une société dite des droits humains. De la stupeur, aux interrogations, et à la nécessité de l'action.

#MeToo. Il y a un an, une autopsie encore inédite de la société s’emparait en temps réel de la toile. Au scalpel, les vérités sont ressorties, une à une, de la mémoire des femmes. Des survivantes, dont les témoignages sur la violence subie, n’ont laissé plus aucun doute sur leur condition. Insultes, harcèlement, violences gynécologiques, viols, lesbophobie, transphobie, agressions, persécutions, mutilations, menaces, humiliations, racisme, inceste, discriminations : autant de mots et leurs maux ont emporté dans leur mouvement un voile. Ce voile des apparences, qui cachait, depuis bien trop longtemps, le vice de forme d’une société dite des droits humains.

"Ce voile des apparences, qui cachait, depuis bien trop longtemps,

le vice de forme d’une société dite des droits humains."

Des violences sexistes et sexuelles qui continuent de n’épargner, encore à l’heure actuelle, aucun milieu ni aucune femme. Mes dernières rencontres pour Les Ambitieuses en témoignent et en témoigneront encore, sans doute. A la différence peut être, que cette vague 2.0 a permis d’encourager les victimes de violence, à s’en « libérer » et (ré)agir en fonction.

Le paradigme d’une société à deux vitesses

Sauf qu’il reste aujourd’hui, des paramètres à bousculer et faire évoluer pour changer définitivement le paradigme de la société. Un an plus tard, les facteurs (institutionnels ou individuels) qui empêchent les femmes et les filles d'exercer leurs droits fondamentaux comme leur combat d’avancer, sont toujours aussi vifs et multiples. Des derniers faits d’actualité comme certaines prises de paroles rapportées, montrent sensiblement une confusion ou un mépris aussi lourd de sens que la main trop insistante d’un homme sur le genou d’une femme.

Et si au-delà de ces voix tortueuses qui divisent, la dernière campagne du gouvernement « Réagir peut tout changer », dont j’ai pu co-réaliser et recueillir les témoignages, souligne une certaine avancée collégiale dans la prise de conscience et une solidarité dans l’action ; il n’en est pas moins qu’il en faut toujours plus. Plus de cohésion. Et surtout plus de moyens au service d’une action publique qui croit en ses solutions. Des solutions amenées et portées aujourd’hui par les associations mais avec des moyens revus à la baisse voire dérisoires.

"Des solutions qu’il est utile de rappeler car tangibles"

Des solutions qu’il est utile de rappeler car tangibles : la mise en place d’une éducation obligatoire dès le plus jeune âge à la non-violence et à l’égalité filles - garçons, une formation systématique des professionnel.le.s qui accueillent les victimes, l’utilisation effective des outils de protection prévus par la loi, la prévention auprès des filles et jeunes-filles, l’augmentation de places suffisantes pour l’hébergement des femmes victimes.

Alors, que reste-t-il vraiment de nos idéaux ?

La volonté du changement et sa déferlante humaniste ! Un an après #MeToo, c’est encore, ni plus ni moins, à la société toute entière de se repentir de ses agissements patriarcaux. Mais bien au-delà des mots qui claquent et leurs certaines promesses 2.0, notre volonté doit être portée, là où le bât ne cesse encore de blesser. Sur le terrain. En soutenant et multipliant, une à une, les actions qui sensibilisent, réagissent, entendent, écoutent et accompagnent les victimes. En faisant front, en nombre et avec la détermination qui s’impose, à l’instar et autour de #NousToutes. Car une société qui ne répond pas encore et unanimement aux sévices endurés par plus de la moitié de l’humanité, n’est pas digne d’une société des droits humains.

Le moindre coup, et c’est (encore) toute la société qui vacille !


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