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  • Mathilde Bourmaud

#Orangetheworld. Les Ambitieuses s'associent à ONU Femmes et sa campagne contre la violence enve


Siège ONU Femmes - New-York

Philippe Lust Bianchi, 34 ans - "Il y a une responsabilité masculine face à la violence envers les femmes. Même ceux qui n’en sont pas les auteurs la maintiennent en agissant selon les normes patriarcales"

En temps de guerre ou de paix, la violence à l'égard des femmes et des filles est une violation des droits humains de proportion pandémique qui se produit tant dans l'espace public que dans la sphère privée. Une femme sur trois en est victime dans le monde. De violence physique, sexuelle et psychologique. De harcèlement. De trafic d'être humain, de mutations génitales, de mariages forcés. De la violence d'un partenaire intime, professionnel ou d'un inconnu.

"Aujourd'hui, une femme ou une fille sur trois est victime de violence au cours de sa vie. "

Le contexte dans lequel évolue mon interrogation depuis quelques jours est ainsi posé. Clair. Concis. Son champ peut paraître large ou encore exhaustif pour certains mais la violence est bien réelle, et quotidienne, à tous les coins de rue, à tous les étages. Pernicieuse, flagrante et impactante sur le reste d'une journée, d'une vie et ses ambitions. Universelle dans un monde encore sous le joug du patriarcat.

Un état de fait qu'il devient de plus en plus difficile de nier ou encore d'éviter. Parti de l'Affaire Weinstein, du nom du puissant producteur d'Hollywood accusé de harcèlement sexuel puis de viols, des mouvements tels que #metoo ou encore #balancetonporc sont tout récemment venus nous le rappeler. La société n'a jamais été davantage qu'aujourd'hui mise face au défaut de ses normes et dérives.

Le résultat d'un travail de conscientisation long et difficile, qui trouve aussi genèse dans le sceau de l'engagement d'organisations internationales et de leurs membres. J'ai voulu comprendre leur prise de conscience, leur cheminement, leur vision et leur investissement. Leur force de frappe. Leurs possibles et leurs obstacles. En tant qu'individus et acteurs.

A l'occasion de la campagne "Orange the world" lancée par ONU Femmes le 25 novembre dernier, je suis partie à la rencontre de l'un des leurs. Philippe Lust-Bianchi, 34 ans, est spécialiste de l'élimination de la violence envers les femmes.

L'interview se fait par téléphone. Philippe travaille au siège de l'ONU Femmes à New York depuis 2015, après de longues missions sur le terrain et leurs situations d'urgence. Pour la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture pour l'élimination de la faim) en Haïti, suite au tremblement de terre de 2009. Puis en Sierra Leone au sein de l'UNFPA (Fond des Nations Unies pour la population) où il est, durant quatre ans, dans le vif d'un sujet et d'une problématique de terrain: les problèmes des filles et adolescentes (les grossesses précoces, les mariages forcés, les mutilations génitales féminines). L'urgence face à ces sévices culminera avec l'arrivée du virus Ebola en 2014, et son invisible effet, celle d'une autre épidémie dévastatrice: une vague de violences sexuelles envers les femmes et surtout les jeunes filles.

Le prisme féminin comme moteur du changement

En appréhendant le terrain et ses réalités, s'est profilé dans l'esprit de ce jeune homme engagé sur les grandes causes mondiales et humanitaires une vision toute particulière, celle du genre. Une vision engageant les femmes sur des questions essentielles et celles de notre planète. "Aujourd'hui, je ne vois pas de variable plus viable et puissante que la femme pour travailler sur un monde meilleur. Tous les problèmes que le monde rencontre aujourd'hui sont liés à l'influence du pouvoir et l'exclusion." Pour Philippe Lust-Bianchi, toucher à la femme et son intégrité reviendrait à toucher à celle de sa famille, de sa communauté, de la société en général, son économie, son environnement. En somme. Réfléchir sur le mieux vivre des femmes permettrait de réfléchir sur le mieux vivre pour tous! Une observation non dénuée de sens au regard d'une éducation profondément enracinée dans une démarche égalitaire de par sa mère. Mais aussi de par son père qui a œuvré toute sa carrière sur la question de la parité homme-femme dans le travail. La transmission féministe pour bagage. Et l'inclusion pour moteur.

"Toucher à la femme et son intégrité reviendrait à toucher à celle de sa famille, de sa communauté, de la société en général, son économie, son environnement."

La responsabilité masculine

Il ne suffit pas de partir pour voir, mais il faut avoir le mérite de poser le regard sur ce qui dérange. Et Philippe porte cette double expertise. Ce double engagement. Au ton de sa voix, et aux mots justement posés, le déroulé de son parcours personnel et professionnel –des études de droit à Paris, à l'ONU à New York- font sens, de par les faits recueillis et étudiés avec l'aide de toute une équipe déployée à l'international, comme du fait de son histoire. "Il y a une responsabilité masculine face à la violence envers les femmes. Même ceux qui n'en sont pas les auteurs la maintiennent en agissant selon les normes patriarcales".

Et si Philippe, n'aime pas forcer le trait de son engagement en tant qu'homme, mais plutôt en tant qu'individu, difficile pour lui de renier totalement son genre dans la mission qui lui est donnée. "En tant qu'homme, j'ai une grosse responsabilité. C'est une lutte de chaque instant". Une lutte de chaque instant face aux normes qu'a essaimé la société et leurs stéréotypes qui se sont enracinés, depuis, dans les mentalités. Des normes qui doivent évoluer et qui auront, de fait, un impact déterminant sur les clichés persistants et les clivages qui en résultent. L'inclusion masculine est aussi un autre moteur qui nourrit l'engagement de Philippe et l'agence qu'il représente. Ne laisser personne de côté! "On ne va pas diminuer la violence à l'égard des femmes uniquement par la condamnation ou la correction. La prise de conscience de chaque individu est nécessaire. Car nos actes et pensées quotidiennes ont des conséquences dans le maintien des inégalités hommes-femmes."

"En tant qu'homme, j'ai une grosse responsabilité. C'est une lutte de chaque instant".

Un moment très stratégique...

Pour Philippe, si la libération de la parole et la conscientisation se font plus fortes aujourd'hui via notamment les réseaux sociaux au vu des mouvements qui ont suivi l'affaire Weinstein; et si les gouvernements commencent à réaliser l'urgence de traiter de la cause féminine comme levier de la croissance économique, rien n'est joué. Bien au contraire. La situation actuelle est très stratégique pour le bon avancement de ce sur quoi il s'est engagé: un monde durable en 2030. "Il faut communiquer, prévenir mais surtout avoir les bonnes réponses aux problèmes que l'on soulève. Tant au niveau des gouvernements que des individus. Si on ne les donne pas, le risque est un retour en arrière: voir à nouveau la femme se taire, et les institutions lâcher leur engagement". Une mission du quotidien face aux obstacles très présents pour atteindre ce qui n'est encore qu'un horizon. Des obstacles qui sont: l'omniprésence du socle patriarcal dans la société, empêchant de donner en son cœur une place centrale à la question féminine, mais aussi à la société civile et les organisations féministes, des budgets alloués qui se voient relativement limités voire diminués, et des institutions encore réticentes face à l'étendue du changement.

"Il faut communiquer, prévenir mais surtout avoir les bonnes réponses aux problèmes que l'on soulève. Tant au niveau des gouvernements que des individus. Si on ne les donne pas, le risque est un retour en arrière: voir à nouveau la femme se taire, et les institutions lâcher leur engagement".

Futur marqueur d'espoir

Malgré l'ampleur du travail et ses enjeux, à la question "Et en 2030, vous serez où?". Philippe me répond, avec l'humilité et la positivité qui lui correspondent, vouloir continuer dans les démarches entreprises. "J'espère juste que mes actions s'inscriront dans le maintien de l'égalité homme-femme et non plus dans l'impulsion d'une égalité, que nous tentons vainement de mettre en place".

Si on ne peut demander à tous d'aller sur le terrain, on peut souhaiter à tous d'être conscient du monde dans lequel il vit, et acteur à son échelle. L'égalité homme-femme serait ainsi: comme l'avènement d'un nouveau monde. Durable. Efficient pour toutes et tous. L'engagement d'une vie!

 

ONU FEMMES ET LA CAMPAGNE "ORANGE THE WORLD"

Aujourd'hui, une femme ou une fille sur trois est victime de violence au cours de sa vie. Du 25 novembre (Journée Internationale contre la violence faites aux femmes) au 10 décembre (Journée Internationale des droits humains), l'ONU Femme lance les 16 jours d'activisme contre la violence faites aux femmes. Avec pour slogan: "Orange the world", la campagne cherche à mobiliser les gouvernements avec des événements partout dans le monde pour promouvoir le sujet et pour appeler chaque personne à jouer son rôle pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles.

La couleur orange a été choisie car elle symbolise l'espoir d'un futur brillant sans violence. Comme les années précédentes, des bâtiments emblématiques et des monuments sont illuminés en orange, y compris les parlements du Bangladesh, le Palais des Beaux-Arts du Mexique, les monuments de Gaziantep en Turquie, ou la Table Mountain en Afrique du Sud. Les voitures de métro à Santiago du Chili et les bus à Da Nang (Vietnam) sont peints en orange et les matchs du championnat national de football du Maroc seront également décorés en orange. En France, à Lille, comme dans d'autres villes, des bâtiments sont également illuminés en orange.

La nécessité impérative de soutenir les personnes particulièrement vulnérables se trouve au cœur du thème de cette année, "Ne laisser personne de côté: mettre fin à la violence contre les femmes et les filles ".

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