top of page
  • Mathilde Bourmaud

"Le plus beau dans l'ambition, c’est se lancer dans le vide et être rattrapé avec bienveillance"

Paris - Rive gauche.


"Se lancer dans le vide et être rattrapé avec bienveillance" : comme ce qui pourrait illustrer aussi nos errances citadines et leurs rencontres venant faire écho à notre parcours initiatique au féminin. C'est à vrai dire ce qu'il s'est passé lors de la découverte de la photographe et vidéaste Maud Caeiro et ses travaux exposés (jusqu'au 23 janvier) à l'hôtel La Belle Juliette dans le 6ème arrondissement de Paris. Une exposition intitulée "Femmes" où l'on s'immerge dans l'approche très personnelle voire engagée de l'artiste. Une approche fortement marquée par ses lectures interrogeant le principe féminin et la place de la femme dans l’histoire et le récit. 


Diplômée des Beaux-Arts en 2013, Maud Caiero multiplie les projets collectifs (le collectif féministe Junon) comme les résidences, les travaux de commandes comme les œuvres personnelles. Et c'est un peu de tout son parcours que l'on retrouve ici. Avec pour décor, les chambres de l'hôtel, l'exposition se scinde en trois séries, chacune portant un regard audacieux et sensible sur le principe féminin.


Une exposition en trois actes  

La première série Le chemin des œillets, commencée en 2015, est proche par sa forme de la photographie documentaire et nous plonge dans un voyage onirique, celui d’une jeune femme – la cousine de la photographe – que Maud Caeiro suit lors d’un séjour au Portugal, le pays de ses origines familiales. Dans une ambiance entre lumière et ombre, entre ruines et nature, cette figure féminine, suggérée en silhouette, prend sa place dans l’espace, avec poésie et nostalgie.  


(c) Maud Caeiro
(c) Maud Caeiro

En noir et blanc cette fois, entre mise en scène historique et superposition surréaliste, Mata-Hari est une série qui s’intègre dans un projet plus large d’écriture photographique et littéraire : le projet, Oubliées. Un projet qui contient sept nouvelles écrites par des artistes plasticien.ne.s et de jeunes auteurs et autrices, sept récits sur des personnages historiques féminins marquants pour l’histoire de France mais qui ont été progressivement oubliés. En s’emparant de la légendaire Mata-Hari, Maud en a fait une femme libre jusqu’à la transe, héroïne exotique au destin tragique.




(c) Maud Caeiro
(c) Maud Caeiro

Enfin, Les yeux d’Eros, sa série la plus récente, est une balade autour de l’érotisme, dans une relecture

contemporaine des textes de Georges Bataille, d’Anaïs Nin ou de Virginie Despentes. Entre l’évocation de la mythologie grecque et les personnalités affirmées de ses modèles, Maud Caeiro a conçu un imaginaire de femmes puissantes et s’empare radicalement du sujet si conventionnel du nu féminin en photographie.



Pour découvrir ses différentes oeuvres, Maud Caeiro vous invite à la retrouver, ce dimanche 19 janvier à 16 heures à son exposition située à l'hôtel La Belle Juliette, 92 rue du Cherche-Midi 75006 Paris. Un moment unique pour échanger avec l'artiste sur son parcours et son travail. Et son ambition, celle entre autre de révéler les féminins !  

Evénement gratuit. 10 places seulement.


En savoir plus sur Maud Caeiro


Autoportrait (c) Maud Caeiro
Autoportrait (c) Maud Caeiro

Devenir photographe vidéaste au regard enagé n'a pas été si instantané. Si Maud Caeiro a toujours pratiqué la photo, ce n'est qu'en arrivant il y a quatre ans à Paris, "ville symbole de la liberté et l’ambition, surtout pour une femme", précise-t-elle, qu'elle a décidé d'en faire son métier. Comme beaucoup de jeunes artistes, Maud a d’abord été assistante, mais aussi graphiste. Un premier job qui ne lui permettait pas d'exprimer pleinement ce qu'elle voulait, ce qu'il y avait au fond elle. D'une frustration en un déclic, elle s'est interroge : "Pourquoi tu ne vas pas jusqu’au bout ?". Comme la fois justement où elle annonçait à sa mère qu'elle souhaitait désormais se diriger vers les Beaux-Arts et une carrière artistique. "Ma mère a pensé que ce serait une passade comme une sorte de caprice. Et que je ferai plutôt ça à côté, en passe temps." Mais pour Maud, c’est le contraire : faire des petits boulots à côté pour vivre de l’art !


Vivre de l'art mais avant tout s'exprimer sur ce qui l'interroge, un peu comme avec ses mille idées à la seconde. Mille idées qu'elle note et reprend. Depuis bientôt six ans qu'elle baigne dans le monde de l'art, Maud sait aujourd'hui, qu'elle ne saurait et voudrait faire autre chose que son métier. Même dans les périodes de doute inhérentes à tout parcours et plus particulièrement au sien. Et d'autant plus dans des moments où son ambition artistique pourrait-être remise en question parce qu'elle est justement une femme. Des moments qui prouvent le caractère essentiel de son engagement féministe. "Si je n'avais pour ambition consciente d'être une artiste féministe, c'était en moi". Maud accordera d'ailleurs toujours une place importante aux femmes dans son travail, qu'il porte sur les mémoires (sujet de son prochain projet), ou qu'il s'exerce à travers la mise en scène ou encore l'écriture. Des derniers fondamentaux à son approche qu'elle nous offre aujourd'hui dans son exposition.  


"Si je n'avais pour ambition consciente d'être une artiste féministe, c'était en moi".

A la suite de notre échange, Maud a souhaité nous transmettre son approche et sa vision de l'ambition. En espérant que ces mots vous fassent écho !

" Il y a quelques jours j’étais en terrasse avec un ami. Nous avons fait connaissance avec notre voisin qui nous a dit « il faut se lancer, il ne faut pas avoir peur, le plus beau dans la vie c’est quand on se lance dans le vide et qu’on est rattrapé avec bienveillance ». Et bien pour moi c’est ça l’ambition : un grand saut.

Ambition, pour certains c’est un piège, pour d’autres un chemin de vie, un concept. Il y a des sauts qui comptent plus que d’autres. C’est parfois lors du 15e saut qu’on chute. La pente est proportionnelle aux risques dont elle est la cause.

« il faut se lancer, il ne faut pas avoir peur, le plus beau dans la vie c’est quand on se lance dans le vide et qu’on est rattrapé avec bienveillance ».

Ambition a deux enfants : réussite et solitude. Réussite (certains l’appellent Gloire) se dérobe souvent. Pour certains, il est un enfant capricieux du hasard, courtisé par mille âmes rejetées. Il sait bercer le monde d’illusions mais crache sur ceux qui ne sont pas élus. Pour d’autres il est un train lancé à toute allure qu’ils ont eu la chance d’attraper.

Ambition va mieux aux hommes. J’ai plusieurs ex qui m’ont dit « je suis fier de toi » comme si l’ambition chez une femme c’était touchant, parce que plus rare que chez un homme, comme si c’était exceptionnel. Comme si l’ambition ce n’était pas forcément inné chez les femmes ou assez rare pour le souligner. L’ambition c’est flirter avec le monde des possibles. Se pencher au dessus d’un Canyon à pic, reculer pour s’y jeter. L’ambition c’est ce qui va révéler le soi intérieur. Celui qui va déchirer la crysalide du potentiel pour en faire un talent."


You Might Also Like:
bottom of page