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  • Mathilde Bourmaud

Claire Cano « Si je réussis à ce qu’une jeune femme ose postuler à un poste de direction, parce que


Auberge Flora, XIème arrondissement de Paris

En voulant digitaliser, à 23 ans, le marché automobile pour permettre aux particuliers et aux professionnels de faire déplacer leurs véhicules d'un point A à un point B aussi facilement qu’un colis, elle a tout assumé. Son âge, son genre et son ambition ! Aujourd’hui présidente de LuckyLoc.com / Expedicar.com, Claire Cano se retrouve, à 28 ans, au côté des plus grands acteurs du secteur automobile : Avis, Europcar, Aramis Auto ou encore Zanzicar. Une ascension qui n’enlève rien au charme naturel de son caractère breton. Qui n’empêche rien à ce qu’elle s’est aussi et autrement promis.

Claire Cano, c’est l’approche hybride entre rationalité et intuition. L’accroche naturelle et spontanée. Le sourire généreux et un regard qui vous invite à rentrer dans sa danse de l’optimisme. Pas de grands mots ni de storytelling abusif pour raconter son parcours. Claire aime et use de la simplicité comme de l’humilité à son égard. Installée à siroter un thé dans un café du 11ème arrondissement de Paris, l’Auberge Flora, elle revient sur les tout débuts de son aventure entreprenariale, il y a cinq ans. Des souvenirs pour beaucoup passés ici lorsqu’elle et son associé Idris Hassim sont incubés juste en face, au 26 de la rue du Chemin vert, au sein de Paris Pionnière. Le Willa d’aujourd’hui. Un an et demi à poser et réfléchir les bonnes bases de leur Start up. A la faire germer puis fleurir entre leurs questions existentielles d’entrepreneurs, les premiers clients et levées de fonds. Entre leurs coups de moins bien et leurs supers coups. « C’était pour Idris et moi une première expérience. On ne se rendait pas compte que ça allait être un marathon sur des années. Et que tout allait prendre plus de temps que prévu ».

L’esprit du challenge

Pourtant, il semble n’y avoir aucun temps mort dans la vie de Claire Cano. Le temps est vécu à l’utile comme à l’agréable. Efficace. Claire, c’est une femme de l’instant autant que de l’instinct. L’instinct entreprenarial, celui qui vous fait reconnaître les self made (wo)men de l’Amérique. Claire a un peu de ce rêve américain dans les yeux. Dans l’esprit. Son père, issu d’une suite de générations d’agriculteurs, a osé quitter l’héritage familial, sans le bac, pour monter à Paris puis les Etats Unis, porté par ce rêve américain, « ce tout est possible ». Un état d’esprit de challengeur qu’il l’amènera à créer son entreprise informatique dans l’agro-alimentaire à la naissance de Claire. Un état d’esprit parental qui préfère transmettre aux enfants la culture du travail plutôt que celle de l’école. Ils attendent d’eux un job qui les fasse s’épanouir plus que vivre !

C’est sans compter sur Claire qui saura allier les deux. Du bac à sa prépa rennaise puis HEC, elle travaille ses cours. Rien de son avenir ne s’est joué au hasard d’une orientation. Il s'est fait en connaissance de cause et à la sueur de son front. A la hauteur de ses ambitions.

Rien de son avenir ne s’est joué au hasard d’une orientation

Du bastion familial de Larmor Plage à Paris, Claire a su flirter avec l’ailleurs. Sans jamais rien perdre de son essence. Au contraire, elle s’est découverte au fur et à mesure de ses avancées dans un écosystème qui s’élargissait. Ce brassage sociale que confère HEC, une école tout autant du mérite que parfois du parisianisme. La Mazzerati de l’un ou les codes un peu plus éloignés des siens, ne l’a fait ni envier ni changer. Seulement élargir sa vision sur la société et ses autres réalités. « Je me suis toujours sentie à égalité avec les autres. Une égalité scolaire ». Sans jamais se dire que c’est impossible. « Je suis d’un tempérament fonceur et pas très patient. Et à HEC, on mettait beaucoup de valeur sur ce que tu faisais, ton investissement, ton envie de créer ».

Et celle de la liberté

De Paris, Claire s’envole cette fois pour la Nouvelle Zélande, en deuxième année d’étude. La destination qui allie l’opportunité de perfectionner son anglais et son sens de l’entreprenariat dans un pays où l’économie repose beaucoup sur les PME. Elle y côtoie une énergie d’entreprendre et la diversité des paysages et des grandes distances. Un terrain tout aussi vaste que bénéfique pour l’entrepreneuse en devenir. Elle le parcourt et y découvre une nouvelle manière de voyager. Les prémisses de Luckiloc ou la possibilité de voyager pas cher en rapatriant des véhicules de location en échange d'une location de voiture.

Une idée qu’elle emporte avec elle à son retour vers Paris. Une idée qui la portera jusqu’à cette opportunité de la tester avec son futur associé, Idris, qu’elle rencontre à la fin de son master entrepreneur. Six mois pour réfléchir et agir. Des sondages de voyageurs au cahier des charges de la plateforme et dépôt des statuts, Claire, n’aura finalement jamais passé d’entretien pour un job. A 23 ans, seulement deux stages de consultante en entreprise remplissent les lignes de son CV avant cette grande et intense expérience de la liberté d’entreprendre.

Mais entreprendre n’est pas de ces routes fluides et sans entraves. Les difficultés, viennent tester la persévérance et la ténacité de celles et ceux qui entreprennent. Des sacrifices personnels et financiers qui l’ont parfois fait se sentir différente des autres, dans une toute autre position que celle de ses amis qui profitent à cet instant de ce que leur offre leur premier emploi. « Même si j’ai toujours été très optimiste, je suis la spécialiste des doutes ». Des remises en question récurrentes mais qui face au soutien et la confiance de son petit ami devenu son mari, et l’esprit cartésien de son associé, ont eu raison des doutes de l’entrepreneuse. Un équilibre qui aujourd’hui symbolise la vie - personnelle et professionnelle - de Claire. Deux vrais duos gagnants tout aussi complémentaires, qu’ils sont à chaque fois un homme et une femme. Une complétude des attentes. Des compétences et tempéraments.

« On est une sorte d’ovni dans le secteur de l’automobile.

Il y a même plus de femmes que d’hommes au COMEX.

On ne s’est d’ailleurs jamais posé la question du genre.

On recrute des talents »

Une entreprise à l’image de la société française qu’elle aimerait connaitre

Une complétude et parité qui se reflètent aujourd’hui jusque dans la composition de son entreprise d’une vingtaine de personnes. « On est une sorte d’ovni dans le secteur de l’automobile. Il y a même plus de femmes que d’hommes au COMEX. On ne s’est d’ailleurs jamais posé la question du genre. On recrute des talents ». Une démarche naturelle qui souligne le désir d’une société égalitaire et tout en équilibre dans laquelle Claire aimerait évoluer. Un engagement même ! Alors qu’on lui remet un prix de l’innovation chez un de ses clients, Claire osera prendre la parole. « Je me suis permise de souligner que si la société comptait de nombreuses femmes, leur présence ne se remarquait pas ce soir là, du fait de son COMEX présent et exclusivement masculin. Je me sens concernée par toutes les injustices. Et ça s’en est une tellement criante ! »

L’égalité des chances et des opportunités est un des enjeux pour lequel Claire œuvre aujourd’hui, avec le temps qui lui est imparti. Avec l’association « 100 000 entrepreneurs », elle part à la rencontre d’étudiant.e.s, et tente de casser les stéréotypes du genre. « Si je réussis à ce qu’une jeune femme ose postuler à un poste de direction, parce que j’y suis arrivée avec mes moyens limités et mon réseau néant, ce sera une autre première victoire ! ».

D’espoirs en victoires, qui sait ce que saura donner Claire comme nouvelles impulsions à ses ambitions et celles des autres. Les rêves portés en actions !

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